Blog

Je ne sais si c'est le fait d'être loin de la France, mais j'ai parfois l'impression d'être devenue soudainement très francophone, ou très adepte de la francophonie!

Depuis que j'entends parler kabyle et arabe au quotidien et que j'essaie de me familiariser avec ces 2 langues, me voilà prise d'un sursaut d'intérêt dès que j'entends le mot "francophone".

En ce mois de Ramadan, censé (re)donner à chacun de ceux qui le pratiquent un élan de générosité, j'ai une petite et simple histoire à vous raconter.

Cette anecdote, que je nomme ainsi, bien qu'elle soit à mes yeux bien plus qu'une anecdote, date d'une trentaine d'années et m'a été relatée par un homme qui se souvient aujourd'hui de sa période estudiantine en Algérie.

Un jour de retour en compagnie d'un de ses camarades vers son village après plusieurs semaines passées à l'université d'Alger, il croise un mendiant arabophone qui leur demande l'aumône. 

Entre la rechta, la douida et la trida, oui, mon coeur balance...

Trois plats typiquement algériens qui font notre bonheur, à mes trois filles et à moi-même! 

Trois plats que j'ai appris à connaître ici, en Algérie, ignorant jusqu'à leur bien jolie appellation, tant que ma vie se déroulait en France.

En voilà une bonne nouvelle!

Moi qui me disais qu'il allait encore falloir retourner au Consulat français à Alger pour y renouveler ma carte d'inscription consulaire, ce qui veut dire, prendre rendez-vous par Internet, faire quelques 4 à 5 heures de route aller, 4 à 5 heures de route retour, et bien évidemment, faire attention à ne rien oublier avant de partir- s'agirait pas d'avoir à refaire les fameux km pour un stupide oubli! 

Oui, je sais, d'habitude, pour les desserts du mois de Ramadan, ou tout du moins pour les encas sucrés du Ramadan, on aime les zlabias, les kalb el lous, les "dattes biscuits" (les préférées de mes filles)..., des confiseries qui vous font remonter le taux de sucre à la vitesse de l'éclair!

On peut même dire que ces spécialités sucrées font le buzz ici dans les hanouts algériens!!!

Si vous avez lu mon dernier post sur la tourista, vous vous dîtes peut-être : "Ouh là là, ça n'a pas l'air simple son histoire à celle-là!" ou bien ""Elle n'en ferait pas un peu trop?"

C'est vrai que pour quelqu'un qui a passé 15 ans au bled, je devrais commencer à être un peu immunisée contre la tourista, non? Car, si je ne me trompe, la tourista, par définition, c'est la maladie du voyageur, et pas de ceux qui prennent racine!

Mais bon, là, il ne s'agit pas de parler de moi et de mes 15 ans passés au bled, mais plutôt de donner quelques conseils à ceux qui viennent au bled pour la première fois, qui n'ont pas encore pris racine et qui aimeraient bien éviter si possible les désagréments d'une gastro-entérite aigüe! Car, c'est bien connu, la chaleur intense de l'été et les insuffisances en ressources hydriques peuvent augmenter de façon considérable les risques d'intoxication alimentaire!

Vous appellerez ça comme vous voudrez, mais oui, la tourista, ou "gastro-entérite aigüe du voyageur" (intoxication alimentaire pour faire simple), après 15 ans passés au bled, ça peut encore arriver!

15 ans que vous comptez bien consciencieusement les gouttes de javel à mettre dans vos bouteilles d'eau 

15 ans que vous interrogez inlassablement votre mari à son retour de courses : "Tu l'as acheté chez qui le camembert, dis?", "Il était bien au frigo au moins?", "Et le frigo, il avait l'air de marcher?" (grrrr, qu'il se dit au passage le mari en question, non seulement il faut que je déniche un camembert pour satisfaire la Normande, mais en plus, il faut que je lui fasse un compte rendu détaillé de mon exploit!!!") 

Vous prenez une pâte brisée, des prunes de Jumièges, euh, des nèfles de Kabylie (dites du Japon), vous suivez la recette de la tarte aux prunes de mon arrière grand-mère bretonne, qui vécut un temps dans la vallée de la Seine, et vous avez la fabuleuse tarte aux nèfles de Janet en Kabylie!

Une tarte qui allie merveilleusement bien l'acidité de la nèfle au croustillant doux et sucré du crumble britannique...

De quoi vous faire chavirer les papilles vers de multiples rivages, non?

Lorsque l'on change de pays ou de région, on change aussi, bien sûr, d'habitudes alimentaires.

Oh, cela se fait parfois tout doucement, presque imperceptiblement, mais cela se fait.

Les nèfles que l'on regardait un peu de travers, "trop acides", "trop difficiles à dénoyauter", "jamais assez mûres" (que l'on disait en arrivant au bled), au bout de 15 ans dans le pays, on finit par leur trouver du charme et de la saveur!

Comment ce changement de perception s'est effectué, je ne saurais le dire, mais il s'est si bien réalisé que dès ce début de printemps, je me suis mise à avoir envie de manger des nèfles et même d'en mettre dans mes gâteaux!