Eh bien, voyez-vous, quand je vois la France d'aujourd'hui, je vois une France qui brille, une France sans tâche (au sens propre en tout cas), où tout semble lisse et satiné (au moins au premier abord, je me répète), où chacun semble avoir prévu sa journée du lendemain, ses prochaines vacances, sa retraite et même ses funérailles! Bizarre que je me dis...j'ai l'impression d'avoir pris le train en marche, ou plutôt de l'avoir manqué, et de ne pas forcément me sentir concernée par toute cette effervescence censée (censée seulement car je doute fort du résultat final) rendre notre vie droite et lisse, comme l'est l'asphalte de nos autoroutes, les devantures flambant neuf de nos supermarchés, et même les dalles de sol de nos hôpitaux (on pourrait presque se voir dans leur reflet, tiens, tellement ça brille)...
Là, je vous parle de la France telle que je ne la reconnais plus vraiment...une France qui a changé trop vite pour moi (tu m'étonnes, tiens, expatriée depuis plus de 15 ans, elle n'allait pas t'attendre pour s'embellir et s'enorgueillir, ta France, non!?).
N'empêche...ma France à moi, celle des années 70 (oui, vous avez compris, j'ai fait un arrêt sur image, et pas la peine d'en rire, je vous prie!), ma France à moi, eh bien, elle est ici, en Algérie. En Algérie, où je vois des routes pas toujours lisses (imaginez, des dos d'âne à chaque 500 m!), des murs capables de s'effondrer lors d'un méchant coup de tempête, des devantures de magasins qui mériteraient un bon coup de ravalement (ça, c'est moi qui vous le dis!), mais surtout... où je vois encore des vieux qui n'ont pas honte d'être vieux et des gens qui ont le droit de ne pas savoir et qui osent encore dire : aide-moi.
Vous voyez, pas si compliqué que ça de se sentir bien dans une France des années 70, où presque rien ne brille, c'est vrai, si ce n'est le soleil et la lumière, où vous ne vous sentirez "assuré" de rien si ce n'est de n'être point parfait et d'être encore capable de vous tromper, et où vous entendrez bien plus souvent dire "inchallah" que "tu ne pouvais pas y penser plus tôt, non?".