Ceux qui ont quitté un jour leur pays natal comprendront sans doute mon sentiment d'exaltation. Quand tellement de choses sont différentes entre ici et là-bas, et que soudain, vous attrapez le temps d'un instant un son, une odeur... qui vous rappelle et vous replonge soudainement là où vous êtes né...
Et je peux vous dire que le doux son de cet oiseau n'a pas parlé qu'à moi! Que nenni! Un jour, ce fut mon mari qui un beau matin se réveilla et me dit : "Oh, j'ai entendu un merle, et il m'a fait penser à la maison de ta mère!". "Un merle?" "C'est un merle, cet oiseau que l'on entend en ce moment comme chez ma mère? Ce n'est pas plutôt un coucou?" " Bien sûr que c'est un merle!". "Ahhhhh...". Et moi de repartir dans mes souvenirs... Vous savez ce que c'est, les souvenirs...
Et puis même le tour de ma fille est arrivé un jour : "Tu as entendu, maman, cet oiseau? On se croirait chez mamie!"
Eh oui, tu as tout dit ma fille ... On se croirait chez mamie...
Rien qu'avec le chant d'un oiseau, on peut se retrouver à mille lieues dans ses souvenirs. Rien qu'avec le parfum de la pluie, on peut imaginer la Normandie en pleine campagne kabyle. Rien qu'avec l'odeur d'une voiture (ça, c'est moins poétique!), on peut se retrouver en larmes tellement ça vous rappelle la voiture de... mamie! Oui, oui, c'est déjà arrivé chez nous!!!
Que dire de ces instants furtifs qui arrivent bien souvent sans prévenir (sinon, ce serait moins exaltant!), qu'on aimerait pouvoir retenir mais qui s'envolent toujours trop vite (sinon, ce serait moins précieux!)?
Allez, chante encore pour moi, monsieur le merle...