Ne croyez pas non plus que nous vivions dans le désert, à Djanet, par exemple. Non, non. Nous habitons une commune à une centaine de kilomètres d'Alger, à une autre centaine de Bordj et encore à une centaine de Béjaïa. Très approximativement quand même, vu que l'évaluation des distances n'est pas mon fort.
Et pourtant, malgré cette situation géographique plutôt "nordique", eh bien oui, notre commune serait réputée pour sa chaleur, plus forte que dans les communes alentours.
J'avoue que pour moi, cette rumeur est assez crédible, car même si je n'ai jamais cherché à en savoir plus sur le pourquoi et le comment des conditions climatiques de notre village, ni à les comprarer avec ailleurs, je trouve que les étés, chez nous, sont particulièrement ... chauds.
Mon premier été (il y a 18 ans), je passais mes nuits, éveillée jusqu'à 3 h du matin, à faire des navettes de reconnaissance entre ma chambre surchauffée et la dalle de notre maison, humant l'état de fraîcheur potentielle qui aurait pu me permettre de m'endormir si mon lit s'y était trouvé. Mais, ne connaissant pas encore à quels insectes ou animaux exotiques je pourrais avoir affaire, dormir à la belle étoile sur le toit de la maison ne me disait rien qui vaille.
Il me fallut un certain temps pour que je réalise que les ventileurs, ben oui, ça existait ( n'oubliez pas que je venais de Normandie!). J'en pris conscience lorsque, me plaignant des moustiques, quelqu'un me dit : "Tu n'as qu'à mettre des ventilateurs. Les moustiques vous laisseront tranquilles!".
Des ventilateurs??? Ca alors, comment n'y avais-je pas pensé plus tôt?! Des ventilateurs contre les moustiques et ...contre la chaleur, évidemment! Me revenaient alors en mémoire des images de séries américaines moyen-âgeuses où certains détectives privés apparaissaient, suant et suffocant, devant leur petit ventilateur de bureau. Voilà que je me reprenais à espérer des nuits fraîches et réparatrices!
Cependant, je me rendis vite compte que si les ventilateurs, imitant à merveille le vent du grand large, sont très efficaces pour éloigner les moustiques supportant peu les bourrasques marines, ils ne sont pas très habiles à nous sortir de la chaleur suffocante des mois d'été. Lorsque la chaleur est raisonnable comme au printemps, certes, le ventilateur fait encore son office de rafraîchisseur d'air. Mais quand arrive l'été, que dire des bourrasques d'air chaud et suffocant que les ventilateurs nous envoient en pleine figure???
Quelles solutions alors?
1. La clim, bien sûr. Sauf que, lorsque je suis arrivée en Algérie, la clim n'y était pas encore très répandue. Il me fallut attendre quelques années avant que cette dernière ne se démocratise et commence à se vendre à des prix raisonnables. Sans compter que la clim ne fonctionne que s'il y a assez d'électricité, voire de l'électricité tout court. et que... ça peut faire mal et donner des angines, des rhinites, des sinusites, des rhumatismes... etc etc etc (ah là là, quelle rabat-joie, celle-là!), surtout si vous vous la prenez toute une nuit en pleine figure!!!
2. Suivre la course du soleil du matin jusqu'au soir en courant d'une pièce à l'autre afin de prendre la température de l'air (pas besoin pour cela d'instrument de mesure, ça se ressent en général assez vite!) et faire un comparatif régulier entre chaleur extérieure et chaleur intérieure, puis réfléchir à la nécessité d'ouvrir - ou d'éviter d'ouvrir - fenêtres et volets, diagnostics et pronostics à l'appui. Une méthode pas très scientifique, il faut bien l'avouer, mais carrément écolo!
3. En mode écolo, je rajouterai :
- s'étendre sur le carrelage avec un bon bouquin (pas mal, ça rafraîchit presque instantanément, mais gare aux courbatures et aux rhumatismes, faudrait pas en abuser!)
- se coller un gant mouillé d'eau fraîche - mieux : d'eau gelée - sur la nuque : il y a bien des fois où cette méthode m'a permis de trouver le sommeil (je me souviens aussi que je faisais ça pour mes enfants lorsqu'ils étaient petits et qu'il devaient aller à l'école sous une chaleur tapante qui les faisait saigner du nez comme... les fameux chameaux).
- mettre un vêtement mouillé : c'est ainsi qu'il y a quelques jours je découvre ma voisine affublée d'un gilet avec une température extérieure proche des... - allez, je vous laisse imaginer! - et qu'elle me dit, voyant ma surprise : "il est mouillé!!!". Une idée que j'ai copiée juste après (vous voyez, on en apprend tous les jours!), pas avec un gilet mais un foulard sur la tête + ventilateur. Bon, là, j'ai peut-être un peu abusé vu que je suis un peu fragile des oreilles...
NE SURTOUT PAS FAIRE :
1. Ouvrir les fenêtres sous prétexte qu'il pleut. Eh oui,la pluie de l'été est rarement rafraîchissante. Je me souviens encore du jour où, après une journée très chaude, je me précépitai sur les fenêtres pour les ouvrir, me réjouissant de voir enfin la pluie tomber, et espérant ainsi faire entrer chez moi un peu d'air frais. Après tout, c'est comme ça qu'on fait en Normandie, non? Mais ici en Kabylie, quelle mauvaise idée! Ma maison se réchauffa d'un coup, la pluie ayant fait remonter, à son contact, la chaleur du sol. Maintenant, lorsque je vois la pluie tomber en plein été, je reste tranquille et je ne m'extasie pas, croyez-moi!
2. Pousser le climatiseur au-delà de ses limites sous peine de griller le moteur! Ca aussi, ça m'est arrivé. Le moteur carbonisé, avec un "boum" tonitruant!
POUR LA VOITURE :
Si votre voiture ne dispose pas de la clim, prévoir une bouteille d'eau congelée à chaque sortie en voiture. J'ai attendu pas mal d'étés pour sortir en voiture le coeur vaillant (un peu plus vaillant, en tout cas) (et les étés, ça dure longtemps!!!) avant d'avoir un jour cette idée géniale, qui me permet dorénavant d'oser m'aventurer sur les routes brûlantes de Kabylie. Je place sur mes genoux (je suis passagère) une bouteille d'eau congelée qui partage avec moi sa fraîcheur givrée quelques heures durant. De quoi envisager les kilomètres avec plus de sérénité!