Il y a quelques semaines, alors que nous traversions une commune pas loin de chez nous, j'aperçus une femme qui se trouvait au milieu de la route et qui tenait devant elle un écriteau.
Le message qui y était inscrit était en arabe. Je me tournai alors vers mon mari et lui demandai : "Qu'est-ce qui est écrit?".
Lorsque je sus que cette femme était syrienne, il me sembla d'un coup que toutes les émotions que j'avais ressenties jusque là chaque fois que les médias diffusaient les images terribles de l'errance du peuple syrien, il me sembla que toutes ces émotions jusqu'alors si bien contenues en moi trouvèrent en cette femme le déclencheur nécessaire à leur expression : je ne pus réprimer un flot de larmes dont je fus la première surprise et que j'aurais aimé pouvoir laisser couler à leur guise, comme une réponse nécessaire à toute la misère de ces migrants fuyant la guerre et la peur.
D'abord étonnée par cette réaction à laquelle je ne m'attendais pas, il me fallut plusieurs jours pour comprendre comment la vie de cette femme syrienne avait une résonnance particulière pour l'expatriée que j'étais.